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sentiers en cours
11 février 2009

écrire et parler

Parce que le moment m'a paru propice, je l'ai invité à parler alors qu'il était peut-être déjà sur le point d'écrire. Il a dit :
"écrire c'est une voie détournée pour prendre la parole... ça coule, c'est fluide, la parole... quand je parle je veux toujours faire des plaisanteries... l'écriture, ça permet de rattraper les mots. On est fait de mots... Tu as parlé de la présence de la mer, moi j'ai pensé : c'est l'absence de la mère – le rapport entre la présence de la mer et l'absence de la mère – la présence et l'absence c'est la même chose, la mer et la mère c'est la même chose. Les mots permettent la cohérence, comme tu as dit, mais ils sont aussi incohérents. C'est le problème des contraires. C'est aussi le problème d'un bord à l'autre, d'une rive à l'autre, il me vient l'image du passeur, quand on arrive sur la berge du Styx et on traverse sur la barque d'un monsieur qui s'appelle je sais plus comment. Après on se retrouve de l'autre côté. On peut aussi parler comme on écrit. "Parler comme un livre", cette espèce de rapport au langage ça m'a toujours énervé chez ma sœur, ma sœur elle copiait, elle écrivait pas elle copiait et quand elle parlait elle disait des trucs bateau comme ça... moi je fais un peu pareil... J'ai l'impression de naviguer en parlant. Or la mer elle radote jamais. Tu peux écouter les vagues indéfiniment."
Et je lui ai cueilli le poème de la bouche.
Après il s'est mis à écrire. Et c'était une parole.

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Commentaires
C
C'est magnifique!
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