double page pour le passé (1)
Mon passé mon passé, où es-tu passé ?
Ma part à moi, mon paradis, ma parade, mon panache, mes beaux atours où êtes-vous passés ?
Dans quelle armoire, quel miroir, quel tiroir ? quelle mémoire ?
Sur quel trottoir de ma mémoire ai-je laissé traîner la fille que j'ai tant aimée ? L'ai-je balayée comme une vulgaire crotte dans le caniveau ? Comment m'en suis-je débarrassé ? M'en suis-je débarrassé ?
Comment les autres ont-elles fini par quitter ces couloirs sombres, combien d'années faut-il pour crever à un amour ? Que de questions, que de chansons, de ritournelles ou d'obsessions. La danse, la virevolte font-elles s'envoler le passé qui se cramponne des deux mains, des deux pieds à une musique perdue ?
Qui n'a pas de passé n'a pas d'ombre. C'est écrit, c'est dit. C'est affirmé, philosophé. Le jour, le matin, le soleil pourra-t-il l'effacer ?
L'ombre s'épaissit, creuse et noircit mes traits. Foutu passé. La page est finie, le temps est passé.
Il faut le récolter maintenant, l'offrir à la cantonade, ce texte, seulement un texte.
Comme un os, une épluchure, un déchet, sans goût, mort lui aussi.
Je mange la belle pomme qu'on m'a apportée ce soir, parce que c'est la fin de l'hiver.
Partagée, elle est si belle, si neuve !