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sentiers en cours
9 novembre 2008

les dernières feuilles du figuier

P1010250Les couleurs sont extrêmement denses. Aussi bien les verts, les roux, les ocres. L'eau de l'Isère est un concentré de lumière d'une rare brillance. Les restes des vignes glissent vers le noir, comme les pieds des haies. C'est cette formidable descente du végétal dans la terre, dans ses cachettes d'hiver. On dirait que les arbres, jadis hauts, s'écrasent, s'enfoncent dans le sol comme des bourrelets, des boules, des petits amas retournant en arrière, à leur origine en se vidant de leurs dernières couleurs, expulsant leur lumière pour finir dans le noir, glisser comme l'eau elle-même, noire sous son éclatant miroir.
Ainsi longtemps va se préparer l'hiver qui, ici, sera bref – en janvier, ou février, peut-être mars – luttant comme un général d'acier contre le printemps toujours victorieux.
Je ne sais pourquoi je raconte cette histoire si souvent redite et rejouée mais je sens vaguement que je rassemble moi aussi, comme les couleurs des saisons passées, les observations, les images, les pensées, les admirations encore disparates dans mon esprit qui cherche son rassemblement. Pour un hiver?

Au fond l'instinct existe encore chez nous, pris en charge par les habitudes. La plupart du temps nous n'avons rien à dire, rien à exprimer de spécifiquement humain, nous ne faisons que fonctionner. L'humain est descendu en nous comme la vie végétale dans la terre, l'humain s'est enfoncé dans l'inconscient. Il est ce regard que nous portons sur les choses d'une façon rêveuse, ou hébétée, présent à ce qui nous entoure mais non vraiment distinct de lui, comme cette lente et belle rivière grise que longe le train, ces maïs aux feuilles sèches qui se serrent au long de la voie, comme cette terre et ce ciel nuageux sont devenus la part visible, la surface exprimée de mon humanité même. Comme ce merveilleux côtoiement de verts tout neufs, l'un bleu et l'autre jaune frais comme une prairie printanière, la petite chapelle romane toute seule, toute sage, cette jeune femme enjouée, vive et sur ses gardes à la fois, parlant au téléphone non loin de moi.

Une fois arrivé, les dernières feuilles du figuier que le vent fait danser.

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Commentaires
B
Il y a une belle écriture sur ce blog, tournée vers le plus profond de l'être humain - J'ai bien aimé la descente du végétal dans la terre -<br /> <br /> Une rencontre basée en effet sur un départ, l'effacement d'un blog pour le commencement d'un autre -<br /> Valériane
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