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sentiers en cours
25 janvier 2010

la captive

DOROTH_1Elle embarque le soir.
Des livres sont échoués de chaque côté du lit sur un tapis de petit linge, d'écorces de fruits, de restes d'emballages, de paquets entamés. Elle va lire.
Elle va se mettre aux fers. Sous ces petits crochets noirs qui vont tenir son corps, ces ribambelles de caractères imprimés de partout sur sa peau, mieux qu'une résille, mieux qu'une méchante caresse qui la tient, enfin, sourde sous la conscience, et la soulage de son angoisse.
Dès que le cœur bouge, dessaisi sans qu'elle l'ait senti partir, tout l'équipage intérieur de son corps s'affaire. Elle est comme Gulliver sur cette image d'enfant, son grand corps occupé. Pour ne plus rien savoir elle lit le soir, la nuit. Toute sa rage domptée. A la merci d'un rêve porté sur un plateau. Les lilliputiens glissent dans ses rondeurs, sa tiédeur parfumée. Elle s'écarte à eux doucement, à leur fluide qui glisse, elle s'étire pour qu'ils placent leurs échelles le long des voiles. Elle fourmille d'eux, elle se creuse et se gonfle comme une plante offre ses feuilles au soleil et le monde reprend place en elle.

sculpture de Dorothea Tanning <Tate collection>. remerciements à  femme femme femme

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Commentaires
S
et l'on se réveille les yeux gonflés, les mains tâtonnant sur la table de chevet, cherchant fébrile, le livre, le marque page, le bouton de la lampe ...<br /> Joli récit qui donne envie de lire ..<br /> <br /> Selig
I
très beau oui, simple mais des mots justes
A
quel beau et si juste compte rendu de lecture nocturne...
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