limites
Ce soir le temps m'a pris par la main. Au-dessus de la rivière des ballets croassants de corbeaux lâchaient et rattrapaient leur troupe noire et harmonieuse. La boule orangée du soleil s'enfonçait à l'horizon. Le grondement continu du trafic sur le quai opposé mis à distance par le silence de l'eau. Les pigeons tout en douceur abandonnés comme pétales au vent. L'ombre se faisait peu à peu sur la promenade où s'attardaient quelques riverains. Le journal reçu de mes amis du théâtre, courageux toujours dans leurs rêves, que j'ai lu assis sur un banc près de l'eau.
Le temps m'a inséré. J'étais à la limite extrême du bonheur d'être au monde. Une légère inquiétude se cherchait : je savais qu'il existait un au-delà du monde, puisque je l'étais presque.
J'ai vu les belles silhouettes sur le pont, elles passaient à travers ce soir doux de septembre. Une image s'est formée dans mon boîtier numérique, rencontre de ma pensée et de leur passée. Ils appartenaient au monde à cet instant à la manière des oiseaux qui se poursuivent.
Mais celui qui marchait seul, voyez comme il cherche le monde à sa limite.