couture
Comment, à l'âge où ma vue baisse, en suis-je venu à faire de la couture ?
Pas de la haute couture, de la couture de papier, car je couds des livres : mots, pages, phrases, pensées et lignes, inutile besogne au regard du consommateur.
Couture ?
assembler avec souplesse, réunir
comme on laisse les mots respirer et vivre. Ils sont comme des petits oiseaux, pleins de vie à l'intérieur, et de promesses de vols.
Attraper les chimères, courir vers l'horizon sans cesse hors d'atteinte, et puis aimer, aimer.
Si je vous disais qu'en toutes circonstances, travaille en moi un don quichotte, un lutin (que quelquefois j'ai pu apercevoir, mais oui !), un petit génie, un petit diable ou daemon responsable de toute mon énergie, qui ne quitte pas mon bureau, mon atelier, mes jambes ni ma tête quand je parcours mes sentiers, qui fait tout à l'envers, ou à l'endroit peut-être, qui fait à mon insu et à mon su, et qui est moi, inexplicablement.