une chance de rencontre
Le bruit du chantier m'envahit. A l'intérieur de la cuisine, à l'intérieur du bureau, à l'intérieur de la chambre. A l'intérieur de moi. Ça passe par le colimaçon de l'oreille. Par la spirale ouverte.
Nous sommes à l'intérieur, comme à l'extérieur.
Intérieur et extérieur nous sommes.
J'attends avec impatience de supprimer "nous" de ma pensée. De l'être sans le penser. Qu'il soit le "nous" de l'extérieur – et non plus intérieur. Comme dans l'oreille interne le bruit ne se mêle pas à l'écoute qui le reçoit, le soleil entrant par la fenêtre avec le ciel chauffé à blanc de l'après-midi ne se mêle pas à mon regard mais l'abreuve et l'élargit, comme la peau de mes lèvres closes baise l'instant où mon crayon murmure sur la feuille.
Je suis là, je suis sans "nous" dans le monde entrant-sortant que je forme.
Est-ce que ce n'est pas être seul, cela ? Est-ce que ce n'est pas un début, une chance de rencontre ?
Je n'attends personne, je n'ai pas la place pour attendre puisque je suis déjà le monde.