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sentiers en cours
25 février 2009

prédateur innocent

J'évite de te rencontrer, j'évite de te voir.
Je suis tellement loin de toi et en même temps proche à te dévorer. Il y avait – autrefois peut-être – un loup en moi. Je sens que ma poitrine en héberge encore un reste de voracité. Mais aussi tellement d'amour, c'est-à-dire qu'il y a aussi dans mon corps un reste de mère et d'enfant qui se rejoignent pour ce corps à corps nourricier. C'est ainsi que je suis au monde, lorsque dans les hanches en écrivant ce sont les collines ou les arbres ou la rivière que je sens. Je me sens couler et bondir dans la nature. C'est ainsi faire partie de la vie. Cela s'appelle les sensations. Cela se donne dans la danse, dans le théâtre, dans le sport, dans la chasse pour certains, se donne dans l'écriture, dans la parole. Il ne s'agit pas de prendre alors, ni de former autour de soi une armure.

Ma place est de lien, de rencontres, de circulation entre les êtres. Je ne peux capter en vous ce que vous êtes, mais permettre un prolongement. Pourquoi ne viendriez-vous pas voir les photos de F. Il donne au paysage un corps d'insecte, des ailes fines et transparentes, des élytres, de l'air et des feuilles, de l'humidité et du bois où s'accrocher. Aux paysages il donne ce qu'il est. C'est un créateur. Ce qu'il montre n'existait pas et n'existerait pas sans lui. Il ne le reproduit pas à partir d'un modèle. C'est non seulement son regard, mais son toucher et sa parole intérieure, ses lèvres et ses yeux qui se serrent, se desserrent, palpitent. Car c'est sa respiration. C'est l'image intérieure de ses poumons. Ne croyez pas qu'une radiographie permettrait de mettre au jour la réalité de l'air qui palpite dans ses poumons : elle est ici sur ces photos-là. C'est cette nature, ces paysages verts humides brumeux voilés comme des insectes au sortir des cocons, ce sont ces paysages froissés, qu'il respire. Ces moments d'inachèvement, de venue au monde fragile qui soulèvent son cœur et retiennent son regard, commandent le déclic de ses mains.
Il y a une grande différence entre un photographe et un photographe, entre un artiste et un autre artiste. Autant de différence qu'entre n'importe lesquels d'entre nous humains. Si nous créons. Si nous nous trouvons un jour sans modèle, livrés à la responsabilité d'être au monde. Cela arrive. Cela est, fondamentalement en nous, même si nous le recouvrons, de gré ou de force, par l'obligation de nous conformer.

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Commentaires
K
... Bien étrange forêt, gare au lycanthrope !
F
Un ruisseau de paroles paraphe la lande de l'écrit, les violets irrigués enfantent les franges de l'image, fragilité et décentrement du regard repoussent les limites du langage pour épurer le cheminement révélateur, vertigineux et charnel des vocalises de la photographie<br /> nous avons tous un loup en soi sans en n'être prédateur, nous avons tous un loup en soi dans la définition: «arbre vigoureux prédominant, de forme défectueuse, à cime large et gênant son entourage». Petit dictionnaire d'un forestier d'Hervé Dubois-2000-
M
Amour, mère et enfant, faire partie de la vie, nourricier(e), respiration, il respire, venue au monde fragile qui soulève son coeur, la responsabilité d'être au monde? <br /> Bienvenu à cet "un" qui débarrassé de son armure respire à plein poumons, bondit, se coule dans la nature et circule entre les êtres!<br /> Profonde Joie du lecteur à la vue de cette renaissanceinnocence...
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