suite du journal de la rivière
Elle est toujours là. Après des années.
Elle est encore là, après des millénaires, je crois.
Elle joue à travers mon regard comme à travers les jours.
Elle joue avec mes mots comme avec les oiseaux.
Pour la première fois depuis vingt ans, je la photographie. Je joue avec elle aujourd'hui, comme le jour où j'ai plongé. J'attrape au vol ses oiseaux et les pose sur la page avec mes mots. Ils ont la tête à l'envers, les oiseaux, et les mots coulent dans l'eau. En venant, j'ai croisé mon amie Laurence et me suis baigné un moment dans le merveilleux de ses yeux bleus. Et de retour, j'ai croisé un cormoran venu se poser sur l'eau près de moi, si noir, si fier, j'ai attendu qu'il plonge, je voulais revoir l'oiseau-poisson. Et il m'a émerveillé, lui aussi. É-mère-veillé, ces mots me reviennent. La mère est toujours au cœur et à la source. A l'arrivée aussi. Ces mots partis au fleuve d'oubli. J'aurais pu dire é-mer-veillé. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme : génial poème.