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sentiers en cours
11 novembre 2008

reflets dans la nuit

Rester à l'intérieur d'une question insoluble en se donnant l'impression d'en sortir, n'est-ce pas le rôle principal de toute philosophie ? Elle a, bien sûr, des rôles annexes qui ne sont pas négligeables, comme de développer le talent de conceptualiser, d'écrire, de communiquer, d'écouter et de se nourrir de la pensée des autres, d'enrichir la culture qui est notre humus vital, de faire passer le temps – qui ne passe pas sans notre intervention, qui ne serait pas sans notre entremise. Mais en aucun cas la philosophie ne saurait répondre aux questions qu'elle se pose.
Cela pour revenir à ma précédente note sur Jacques Brosse. Il dit que le sage répond à l'enfant, "très gentiment" : Jadis, avant que tu sois né, tu étais sans corps, comme un désir d'être. Cette idée du désir d'être, très gentille effectivement, n'en est pas moins puissamment juste mais malheureusement, J. Brosse la rejette hors du temps (jadis) alors qu'elle fait corps avec la vie, avec l'existence, avec le temps. Elle nous colle à la peau, ce qu'avait vu Françoise Dolto. Or il y a une indécrottable tendance – revendiquée, d'ailleurs – du bouddhisme à "décoller" de nous – et de notre temps.
Jacques Brosse, en faisant répondre ce gentil sage, croit tout simplement que le langage peut expliquer autre chose que lui-même (et c'est là, encore une fois, le propre de la métaphysique). Nous sommes dans le langage. A notre commencement est le verbe, alpha et omega de tout pensée. Hors du verbe, point de salut pour l'être parlant.
Le poète est un miroir merveilleux – et Jacques Brosse en est un. Il reflète mais n'explique pas : en témoignent ces quelques lignes extraites du chant du loriot ou l'éternel instant* :
L'ordre cosmique, nous n'avons pas à nous y soumettre, ni même à l'accepter ; il suffit de le reconnaître et de ne pas lui résister. Il est en nous, c'est notre structure la plus intime, l'énergie qui du dedans nous fait vivre.
Il ne précise pas (et ne peux pas le faire, parce que le voyant est aussi un aveugle) que cet "ordre cosmique", cette "structure la plus intime" n'est en rien hors du langage. C'est un concept merveilleux.

* voir bibliographie

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Commentaires
K
> Valériane<br /> ce serait pas mal, en effet, merci de votre collaboration, j'apprécie.<br /> malheureusement c'est le reflet dans la nuit des fenêtre du train de la veille qui a initié tout ça (il faut suivre !)
V
Là, c'est mieux - Quoique ! le mot nuit me dérange hihi ! clair obscur serait plus de mon goût - Je sais, je suis insupportable -
K
> Valériane<br /> J'ai dû sentir votre réticence. Avant d'avoir reçu votre commentaire, j'avais changé le titre de cette note. <br /> > lecteurs <br /> c'était : "le leurre philosophique")
V
C'est assez juste tout ça mais c'est le mot leurre qui me dérange - La philosophie ne prétend pas à notre époque, répondre à toutes les questions - Je pense qu'elle a plus la prétention de les proposer, d'entamer des réponses dans un éventail de propositions en laissant la porte ouverte à de nouvelles interrogations - Je pense qu'elle sait que l'homme est inachevé donc comment pourrait-elle être complète ?
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