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sentiers en cours
6 octobre 2008

retrouvé

Son visage sur la photo retrouvée. Elle s'était glissée entre des documents empilés et elle m'est tombée sous la main par hasard. Ou plutôt je suis allé la chercher dans cette petite pochette de photographe qui n'était pas la sienne d'origine et dans laquelle je l'avais glissée, seule, mais pourquoi ? Y tenais-je donc ? Et ce qui me glisse maintenant dans l'estomac, dans le corps, c'est bien autre chose, que je ne voulais surtout plus ressentir – ou au contraire le voulais-je toujours ? Je suis comme un chien qui hurle à la nuit. Et tout se précipite – pas assez pour vomir. Ecrire au lieu de vomir, sortir lentement, laisser passer. Elle, qui n'est pas si belle sur cette photo-là, pas autant que sur d'autres, pas autant qu'en réalité, mais pourtant toute là : regard, peau, chair, respiration, parfum, toucher, parole, pression de son corps, présence. La photo, petite, objet, exactement de la taille d'elle-même à l'intérieur de ma poitrine, son poids, sa température, son parfum, sa chaleur, sa salive, tout ce que j'ai intégré d'elle, ingéré. Qu'en faire ? Je ne trouve rien de mieux que de m'apprêter à recommencer, à en prendre une autre pour la mettre à cette place, puisque c'est elle que j'aime, elle que j'aimerai tant qu'elle ne m'aimera pas, elle qui ne m'aimera jamais et que j'aimerai toujours. A moins que je cesse de vouloir qu'on m'aime, car vouloir qu'on m'aime c'est cela mon désir, caché.. Il suffirait qu'on m'aime, il suffit qu'on m'aime pour que meure le désir.
Et cela – ma maladie – n'en est pas une, je crois. En la découvrant je découvre qu'elle n'en est pas une. J'en avais perçu le symptôme principal : l'écriture, la parole. Qui servaient à metttre à distance, à préserver, à entretenir la maladie, à garder au chaud le désir d'être aimé – donc de ne pas être aimé pour que ne cesse pas le désir. Avais-je toute cette connaissance inconsciente où suis-je en train de l'inventer ?
Ce que j'avais, c'est ce malaise au fond de l'estomac, ce ravage de la poitrine, bonheur pétri de souffrance, désir et échec mêlés, fondement dans l'insondable insatisfaction, désir de l'autre toujours autre, toujours inaccessible. Situation toujours irrésolue. Que faire ? Non pas hurler comme un chien à la nuit. Ecrire.

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