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sentiers en cours
17 août 2008

soir d'été

Le sommet d'une colline. Une très forte odeur d'herbe fraîche. Des cloches, venues je ne sais d'où, se mettent à sonner, très distinctement, dans le silence, un angelus carillonnant. Il est 7 h du soir. Des voix d'enfants, des remuements de papier ou de végétaux, des pas se font entendre maintenant, tout près, de cette bâtisse de ferme immense, magnifique près de laquelle je m'étais arrêté et qui m'avait parue délaissée. Et maintenant une voix d'homme parlant à un enfant, la voix d'enfant. Les bruits s'éloignent. Un insecte entre dans la voiture. Chants d'oiseaux. Soleil brûlant. Je me suis arrêté face à l'ouest, face à la grande ligne bleu-gris des monts d'Ardèche et des Cévennes, loin derrière le train des douces collines drômoises (un train passe au loin, peu bruyant, rapide – puis un bruit de moteur d'avion, bien plus lourd, plus insistant.)
Je me demandais à quoi sert l'écriture, une fois de plus. Je voulais étudier cela, ses fonctions, son rôle dans la conscience, dans le bien-être, dans l'analyse. Alors que l'écriture m'a pris, sans attendre ma réflexion, elle s'est emparée de moi pour écrire le lien avec ce lieu, avec ce présent, pour tracer d'avance les chemins qu'emprunteront peut-être des lecteurs. L'écriture défie toute réflexion, elle trace la route.

La route est ce qui permet de se déplacer, d'avancer, d'un amont à un aval, d'un avant à un après. En elle on peut voir qu'un point de départ extérieur conduit à l'intérieur (de la route sur la colline au lien interne à ce lieu – le désir communicant), en même temps qu'un point de départ intérieur (ce désir d'écrire, de mettre en mots) ouvre sur le réel extérieur (le lieu écrit, lieu qui nous prolonge, ou nous projette.)
Ce que j'appelle analyse semble toujours être ce chemin – cette circulation double – entre intérieur de soi et extérieur.

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