Je me souviens – une fois débarrassée cette

Je me souviens – une fois débarrassée cette expression du trop de "me" (c'était long, tout ce blog-notes précédent pour le faire) il resterait comme un "je nous souviens", et c'est là, peut-être, toute la valeur de celui de Georges Perec.
Garder ce qui est commun, ce qui est partagé, oublier ce qui n'a pas trouvé la voie de l'autre, ou entendu la voix de l'autre,
ce dont il faut nous souvenir et témoigner, c'est d'où nous venons, et non pas qui nous sommes (ce qui n'a ni d'intérêt ni de réalité pour nous).
Nous portons notre regard sur autre que nous-mêmes. Nous sommes toujours, certes sans bien le savoir, le regard de l'Autre.

Comments

[kelcun]

> too banal
sublime sagesse, à portée de mains.
grand merci pour ce proverbe.

[too banal]

entre les mains des autres. Nous le quittons également entre leurs mains. (Proverbe africain)

[gmc]

Les chantiers de l'autres
Sont nimbés d'insouciance
Champs de foire sur lesquels
Règne un mât de cocagne
D'où jaillit l'or noir
Des profondeurs du temps
Sans souci des tapineuses
Dans les rues ensoleillées
Passages de sucre en seigle
Qui font reluire Juicy Lucy

[kelcun]

> ce "nous" que vous employez m'inquiète.
J'ai voulu laisser couler, mais cette inquiétude est restée piétiner. Chacun ses "nous", me direz-vous.
Mais "nous" sommes bien en train de survoler une frontière des langues (celle dite littéraire et celle qui se veut plus scientifique).
Ce qui m'incite, pour être rigoureux, à reprendre une partie de ce texte de la manière suivante :
... ce dont il faut se souvenir et témoigner, c'est d'où on vient, et non pas qui on est (ce qui n'a ni d'intérêt ni de réalité pour soi) ...
le reste pourrait rester tel quel.
On voit combien le texte "littéraire" (à la différence de celui qui cherche à atteindre une sorte de rigueur scientifique) surfe sur la mouvance intrinsèque du langage (ici sur les pronoms personnels). Et n'est-ce pas aussi une façon d'être dans les "chantiers de l'Autre" ?
Merci.

[B.]

Tout juste à mes yeux. Lucide. Il est clair que sans les autres qui serions-nous.
Nous n'est qu'une interjection, un croisement, un chemin aux débordements étrangers. Et cependant nous se propose toujours à posséder jusqu'à nos propres fantomes.